Stratégies de consolidation de la paix dans les États fragiles : les cas de la Centrafrique et du Tchad de 2000 à 2013

Date

2014

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Réseau de recherche sur les opérations de paix, Université de Montréal, Montréal, QC, CA

Abstract

La République centrafricaine (RCA) et le Tchad ont plus d’une chose en commun. Ils ont une histoire coloniale similaire ainsi qu’un passé récent entaché de violences et d’instabilité politique. Tous deux sont loin d’être un modèle en termes de développement et de respect des droits humains Il n’est donc pas surprenant de les voir trôner dans le peloton de tête des pays les plus touchés par la fragilité étatique. Sont considérés fragiles, selon les agences bilatérales d’aide et les organisations internationales, tous pays faisant face à l’un de trois déficits : un déficit sécuritaire qui intervient lorsqu’un État perd le monopole de la violence légitime sur son territoire ou lorsque cet État exerce ses fonctions régaliennes de manière abusive ; un déficit de gouvernance qui se traduit par la non-représentativité des gouvernants et par leur illégitimité ; et un déficit développemental qui s’illustre par l’incapacité de l’État de pourvoir aux services essentiels. La communauté internationale intervient souvent afin de prévenir le glissement vers la faillite étatique de pays considérés comme fragilisés car elle estime que la faillite étatique est source de menaces à la paix et la sécurité internationales. Aux Nations Unies, la gestion de la fragilité étatique dans les États post-conflits s’inscrit dans le cadre de la consolidation de la paix. Essentiellement conçue selon le mode libéral, celle-ci vise la mise en place de modes de gouvernance démocratique garants, selon les tenants de l’approche, d’une paix durable. La plus récente itération du Failed States Index, principal indicateur mesurant cette fragilité, inclut la RCA et le Tchad parmi les dix pays les plus menacés par la faillite de leurs institutions étatiques en 2013. Toutefois, 2013 représente pour les deux pays une année charnière, mais pour des raisons différentes. Pour la RCA, c’est une annus horribilis : le pays est le théâtre d’une sérieuse détérioration de la situation sécuritaire suite à l’offensive lancée sur Bangui par la Séléka, une alliance disparate de groupes rebelles qui cherche à démettre le président François Bozizé de ses fonctions. C’est chose faite le 23 mars. Alors que le Secrétaire général (SG) des Nations unies, Ban Ki-Moon, s’inquiète d’un nettoyage ethno-religieux en Centrafrique, l’anarchie régnante incite l’ONU à autoriser en avril 2014 le déploiement d’une force de maintien de la paix forte de 12000 personnels. Pour le Tchad, 2013 est au contraire une année faste. Applaudi par la communauté internationale pour l’engagement de près de 2000 de ses soldats au Mali dans le cadre de la MISMA puis de la MINUSMA, le Tchad est élu en octobre en tant que membre non-permanent du Conseil de sécurité (CS) de l’ONU pour la période 2014-2015. C’est une consécration et une reconnaissance implicite de son tout nouveau statut de puissance militaire en Afrique centrale...

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Keywords

TCHAD, CONSOLIDATION DE LA PAIX, REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE, VIOLENCE, INDICATEURS DES DROITS DE L'HOMME, SOUVERAINETE

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